hart poétique
« Parce
que juger des délits sans fin
c’est
le devoir d’un poète en chemin »
Pablo
Neruda
« La
poésie n’aurait pour moi aucun intérêt, si je ne m’attendais pas à ce
qu’elle suggère à quelques-uns de mes amis et à moi-même une solution
particulière aux problèmes de notre vie. »
André
Breton
art(illerie)
poétique
à Pablo Neruda
mes
charges rythmiques
vous
criblent de tercets mortels
armé
du vers libre
je
vous transperce de rimes sifflantes
les
vers accusateurs dans mon chargeur
je
vous fusille d’une strophe limpide
à
coups de coupes
j’exfolie
l’ordre en lamelles
à
coups de rejets
je
rejette en exergue
horreurs
et misère
à
coup d’oxymorons
je
dénude vos contradictions
à
coups de symboles
je
concrétise vos abstractions
à
coups de métonymies
je
déploie l’ampleur de vos crimes perfides
à
coups de paronomases
je
scande la litanie de vos mensonges
je
vis dans le cri sanglant de mes vers
le
torrent de ma poésie sera votre tombe

question
d’autres
crient
j’écris
aussi
dans
mes vers de papier
expire
le cri
l’écrit
muet
étouffe
la réalité
la
bouche écarquillée
de
l’horreur
est
débouchée
et
le vin sanguin
sèche
entre mes lignes stériles
le
ventre ridé de la faim
s’aliène
dans le rot repu
de
mes repas quotidiens
ma
lyre de vie
se
cogne
aux
tirelires
du
profit
d’autres
crient
j’écris
écrivain
je
crée j’écris
des
écrits vains
je
crie en vain

réponse
cent
fois
chaque
jour
sur
le papier
jugés
condamnés
exécutés
par
les poètes
les
dictateurs
vivent
quand même
et
pourtant
chaque
mot
est
une écharde
pour
leur échafaud

poète
libellule
jacassante
dans
un monde
de
vautours
vautour
rassasié
dans
un monde
de
cadavres
cadavre
puant
dans
un monde
de
viveurs
viveur
repu
dans
un monde
d’affamés
affamé
transparent
dans
un monde
de
myopes
myope
louchant
dans
un monde
de
voyants
clairvoyant
dans
un monde
à
lumières plus fortes
que
mille soleils
soleil
opaque
dans
un monde
de
pollueurs
pollueur
d’encre
dans
un monde
de
gardés à vue
gardé
à vue
dans
un monde
d’aveugles
aveugle
muet
dans
un monde
de
prédicateurs
prédicateur
gueulant
dans
un monde
de
sourds
sourd
sûr
dans
un monde
d’explosions
nucléaires
explosion
futile
dans
un monde
de
punaises électroniques
punaise
attentive
dans
un monde
de
libellules

songes
et mensonges
l’argentine
est lointaine
l’argent
dîne
sous
mes fenêtres aussi
mon
regard s’exporte au chili
et
oublie que
l’infâme
sévit chez nous aussi
je
me révolte contre le miradors
qui
bouchent les cieux
sombres
et ensanglantés
j’oublie
que leurs socles
ont
aussi racines ici
je
dénonce la torture physique
des
prisonniers politiques
je
tais celle psychique
des
cellules autochtones
je
condamne l’exil
des
amants de la justice
j’oublie
les exilés immigrés
parqués
dans les ghettos
à
dix et plus
dans
des chambrettes serviles
qu’on
ose appeler
à-part-ements
mon
regard
se
prétend international
je
suis presbyte
je
ne vois plus
le
livre d’horreurs
au
bout de mon nez
mon
amour des hommes
a
un ventre
qui
me cache les hommes renvoyés
à
mes pieds
l’engagement
par delà les océans
souvent
dispense d’engagement
concret
cet
engagement souvent n’engage à rien
cet
engagement ment
c’est
la caritas
de
la bonne conscience

carrière
militaire
dans
chaque soldat
il
y a un cadavre
un
corps dans la vie
la
vie dans un corps
le
sang dans la vie
la
vie dans le sang
le
sang dans un corps
un
corps dans le sang
la
vie dans le sang
la
mort dans un corps
un
corps dans la mort

luttérature
le
pouvoir du langage
contre
le
langage du pouvoir
des
mots contre des maux
***
le
sarcasme
sarcle
les
sacré
***
même
le
miroir
ment
***
qui
verra
vivra
***
la
science
est
toujours
en
vérité
provisoire
***
la
satire
ça
tire
sur
les tyrans
***
mieux
vaut
perdre
la tête
que
perdre
la tête
***
je
pense
donc
je suis
dangereux
***
il
ne faut pas
laisser
circuler
le
mensonge
en
toute liberté
***
autocritique
ce
n’est qu’un début
continuons
le débat



hors-la-foi
„Dieser
Umstand : dass die Kirche als staatliche Instanz zwar gestorben ist, als
dogmatische Kraft langsam verwest, aber in den Gefühlen und Ängsten weiter
wirkt, wird noch nicht genügend ernst genommen.“
Henri
Gelhausen
théo-dogues
ou
les
domini canes
tantôt
ils aboient
des
alléluia
tantôt
ils hurlent
des
grégoriens
tantôt
ils chient
des
san-benito
tantôt
ils pissent
de
l’eau bénite
tantôt
ils glapissent
des
anathèmes
tantôt
ils jappent
des
réformes pour la forme
tantôt
enjôleurs
ils
se frottent à nos jambes
la
queue en allégro
battant
pavillon d’appât
et
de mal-leurre
tantôt
sectaires
ils
nous arrachent
des
morceaux de mollets
mais
toujours
ils
chient en choeur
psalmodiant
des variations
sur
un texte unique
et
infernalement invariable
et
toujours
ils
sont toutous fidèles
cabots
de cachots
chiens
de garde
chiens
de fusil
car
ils savent
hors
de la meute
point
de salut
financier
mais
quand un de ces roquets
bave
sur sa sainte mère chenil
alors
son saint papa pape
le
déclare enragé
et
l’envoie au cerbère
ce
jour-là
l’ex
chien-dieu
l’ex
canin divin
sauvage
et libre
rôde
à travers
les
forêts des vierges
et
arrache
son
collier d’acier
car
enfin il sait
hors
de la meute
pointe
le salut

le
seulibat
les
enfants
comme
c’est beau
d’être
prêtre
comme
c’est beau
en
effet
de
lutter contre sa nature
comme
c’est beau
de
ne pas pouvoir
courir
les jeunes filles
mais
de recourir
aux
filles
et
aux vieilles filles
comme
c’est beau
de
se masturber
de
donner sa semence
aux
mouchoirs
aux
draps de lits livides
aux
fosses d’aisance
seul
enfermé séquestré
comme
c’est beau
de
forcer les époux
à
l’Humaine Vie
dans
un monde surpeuplé
comme
c’est beau
d’être
hypocrite
comme
c’est beau
de
se vautrer
dans
le complexe d’eunuque
comme
c’est beau
de
le faire
si
non caste caute
comme
c’est beau
de
prêcher
la
tota mulier sexus
comme
c’est beau
de
la dégrader
d’en
faire
une
jument poulinière
un
mas occasionatus
une
bestia mystica
ou
un crapaud de bénitier
comme
c’est beau
de
faire la grande bouffe
après
un sermon
sur
la pauvreté
et
ses délices
la
ripaille
cette
bona culina
pour
assurer
l’optima
disciplina
comme
c’est beau
d’être
un anti-tout
anti
tout ce qui fait plaisir
comme
c’est beau
d’être
seul
comme
c’est beau
d’être
aliéné
comme
c’est beau
d’être
pervers
comme
c’est beau
de
déconner pour enculer
comme
c’est beau
de
prêcher jérusalem
et
de pratiquer rome
sodome
et gomorrhe
comme
c’est beau
de
s’humilier
fantoche
devant
des fantômes
comme
c’est beau
d’être
le geôlier
de
sa propre prison
oui
les
enfants
comme
c’est beau
d’être
prêtre
mais
comme
c’est mieux
d’être

église
tu
es pierre
qui
n’a jamais su
se
faire chair
***
l’eschatologie
et
la
scatologie
deux
sciences
qui
traitent
des
fins
dernières
***
l’église
a plongé
plus
d’hosties
dans
la gueule des flammes
que
dans
celle des fidèles
***
dogmes:
et
le verbe
s’est
fait verge
***
on
n’a pas besoin de lumière
quand
on est conduit par le ciel
celle
des bûchers suffit
***
seuls
les sots
ont
des systèmes
sans
faille
***
der
atheist
lebt
oben
ohne
***
le
pape se dit inspiré
du
saint esprit
un
tel homme est-il
sain
d’esprit
***
qu’en
est-il
de
la manifestation
de
l’église
dans
les manifestations
***
la
sainte communion
cannibalisme
aseptisé
***
écho:
religions
...
...
légions
***
une
foi
n’est
rien
***
aide
catholique
au
développement
aide
au développement
catholique
***
les
airs des pères
d’église
éternisent
les
ères des paires
***
civilisation
verre
de liqueur
rempli
en
un million d’années
***
morale
chrétienne
ou
le
con damné
***
interdits
moraux
feux
rouges
qui
retardent
la
vie
***
quand
on ne peut
faire
l’amour
on
fait
taire
l’amour
***
hors
de l’église
pointe
le salut



famille
familia
famulus
esclave
« Le
motif le plus impérieux du culte de la famille est sans soute le besoin qu’éprouve
la bureaucratie d’une stable hiérarchie des rapports et d’une jeunesse
disciplinée par quarante millions de foyers servant d’appui à l’autorité
et au pouvoir. »
Leo
Trotsky
« Quand
la famille se défait, la maison tombe en ruines. »
Antonio
de Oliveira Salazar
hymne
à la famille
maudits
géniteurs
non
géniteurs
chéris
non
plus
géniteurs
victimes
oui
victimes
de vos propres géniteurs
victimes
elles-mêmes
des
idéologues des idiots-logues
civiques
et catholiques
qui
ont fait de vous
des
joueurs à dieu
des
créateurs à votre image
des
reproducteurs de vous-mêmes
des
tourneurs en rond
des
penseurs d’idées courbes
d’idées
courtes
des
borneurs d’horizons
des
enfouisseurs dans la sottise et l’ignorance
vive
donc la famille
qui
nous permet d’être
ce
que nous sommes
des
couveurs de perversions
des
engendreurs de débiles sexuels
d’infirmes
sexuels de débauchés sexuels
des
propagateurs d’une morale répressive
réprimant
les perversions par vous pondues
des
perverteurs d’un éros subversif
d’une
érotique révolutionnaire
des
convertisseurs d’énergies libératrices
en
mares asservissantes
des
massacreurs d’orgasmes
des
virginisateurs de chairs vivantes
vive
donc la famille
qui
nous permet d’être
ce
que nous sommes
des
éleveurs de juments poulinières
des
fornicateurs fossilisés
des
livreurs de poltrons de sournois
des
névrosés clérogènes
des
brocanteurs d’oedipes
des
complexeurs d’eunuques
des
tueurs sans sang sans gages
qu’engage
l’échevinage
des
amateurs de la torture chinoise
vive
donc la famille
qui
nous permet d’être
ce
que nous sommes
des
provocateurs à la LAT
ligue
des adolescents terrorisés
des
constructeurs de prisons unifamiliales
des
traiteurs d’esclaves
des
veilleurs surveillés
des
ruineurs d’émancipations
des
protecteurs d’un occident
occidant
et s’oxydant
des
maquilleurs de cadavres
vive
donc la famille
qui
nous permet d’être
ce
que nous sommes
des
magnificateurs d’ordures
des
fossoyeurs de fosses d’aisances
des
cimenteurs de cimetières
des
lutteurs pour la vérité et la justice
de
ceux qui mentent et assassinent
des
défenseurs de l’ordre établi
de
l’ordre pudique
des
inquisiteurs inquiété
par
les inquiétants
des
ovateurs de chrétiens crétins
de
crétins chrétiens
vive
donc la famille
qui
nous permet d’être
ce
que nous sommes
des
persécuteurs de la révolution révélée
des
glorificateurs de la révélation révolue
des
prêcheurs des mythes noirs du démon rouge
des
fournisseurs de fonctionnaires d’état
en
bon état de fonctionnement
des
producteurs de mystiques et de militaires
des
fabricateurs de sujets idéaux
de
sujets idiots
des
incubateurs de la peste gammée
vive
donc la famille
qui
nous permet d’être
ce
que nous sommes
des
éducateurs de fascistes
des
montreurs du droit chemin
vers
la vie éternelle
des
griffonneurs de croix bottées
des
monteurs de marionnettes marinées
des
bricoleurs de terroristes
des
seigneurs saigneurs
des
transmetteurs d’erreurs millénaires
de
superstitions superflues et surannées
vive
donc la famille
qui
nous permet d’être
ce
que nous sommes
des
commandeurs de camps de concentration
de
méditation et de recueillement
des
dictateurs en miniature
des
éternisateurs de l’étymologie
famille
familia
famulus esclave
des
conservateurs du patriarcat
de
la dictature des pères
partis
patrons papas papes
des
prédicateurs de l’eccesiola in ecclesia
des
souteneurs des pieds-droits
de
l’église et de l’état
vive
donc la famille
qui
nous permet d’être
ce
que nous sommes
des
humains
c'est-à-dire
des
aliénés

parenthèses
les
parents
veulent-ils
des
enfants
bienheureux
ou
des
enfants
bien
à eux
***
tant
qu’un
enfant
pleure
le
monde n’est pas
à
son heure
mais
à
ses parents
***
cet
éternel
dorlotement
me
donne
le
mal de mère
***
enfants
méfiez-vous
des
parents
qui
à la place
de
leur coeur mort
ont
un coffre-fort
***
enfants
méfiez-vous
des
parents
pour
lesquels
vous
êtes
un
titre
qui
produit
des
intérêts
***
enfants
fuyez
les parents
dont
l’évolution
de
l’amour
est
une évaluation
des
prix
***
enfants
ne
vous laissez pas
encadrer
à
l’image
de
vos parents
***
la
fin des parents
ne
signifie nullement
la
faim des enfants
***
quand
les parents
se
taisent
les
enfants
vivent
***
les
parents
parent
les
puissant
contre
le
coeur
au vent
des
enfants
***
parents
garants
de
l’ordre
établi
***
les
parents
gardiens
d’esclaves
qui
tiennent en laisse
leurs
enfants en liesse
***
enfant
fessé
adulte
fêlé



Cri
du coeur
« Tout
ce qui touche à l’enfant met en cause les fondements de la vie sociale et de
la vie politique. »
Christian Vogt
« C’est
la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température
normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents. »
Georges Bernanos
jeunesse
antirouille
"on
n’a pas la jeunesse
comme
on a la jaunisse"
(Jacques
Prévert)
I
jeunesse
impulsive
agressive
spontanée
jeunesse
amoureuse
souffrante
joyeuse
jeunesse
furieuse
vivante
curieuse
jeunesse
capricieuse
captivante
enivrante
jeunesse
généreuse
onéreuse
orageuse
jeunesse
mouvante
émouvante
versatile
jeunesse
instable
kaléidoscopique
jeunesse
compliquée
complexe
perplexe
jeunesse
frivole
libertine
licencieuse
jeunesse
susceptible
irascible
violente
II
jeunesse
excitante
jeunesse
excitée
jeunesse
offensive
jeunesse
offensée
jeunesse
fracassante
jeunesse
fracassée
jeunesse
piétinée
jeunesse
piétinante
jeunesse
irritable
jeunesse
irritée
jeunesse
scandalisée
jeunesse
scandale
III
jeunesse
questionnante
remettant
en question
jeunesse
doutante redoutante
doutant
de l’établi
jeunesse
viscérale
dévissant
les idées fixes
jeunesse
torride torrentielle
entraînant
vers des rives nouvelles
IV
jeunesse
parfois décevante
jeunesse
parfois blessante
jeunesse
toujours rafraîchissante
vivifiante
toujours rebelle
jeunesse
rempart
contre
l’usure du temps
jeunesse
transfusion
de vie
jeunesse
jouvence
jeunesse
antirouille

questions d’un
enseignant
un
élève cache honteusement
une
ecchymose sous l’œil droit
caresse
asociale de parents en détresse
comment
expliquer alors
l’accord
du participe
une
élève est absente ce matin
sa
vie déçue est menacée
par
une overdose d’héroïne
comment
disserter alors
sur
le discours indirect
un
élève n’a pas ses livres
son
père est chômeur
sa
mère à l’hôpital
comment
exposer alors
la
subordonnée relative
une
élève dort en classe
elle
a passé une nuit blanche
à
veiller son père ivre-mort
comment
initier alors
au
plan rédigé
un
élève à jeun attend transi
devant
la grille fermée de l’école
depuis
sept heures du matin
comment
parler après
des
beautés d’une métaphore
une
élève vient d’être embarquée
elle
prostituait à l’ombre de la nuit
son
corps pour un gin fizz
comment
parler après
de
substitution pronominale
comment
alors ne pas fermer les livres
comment
alors ne pas ouvrir les yeux



refaire
l’amour
« La
jouissance, c’est le désordre. Pour les organisateurs, les convaincus et les
fanatiques, le plaisir est l’ennemi mortel qui corrode les mailles de leurs
corsets (...) Parce que le sexe est le contraire de l’action politique. Il démobilise.
C’est pour ça que toutes les religions, tous les partis politiques, de la
droite à la gauche, ont si peur de la sexualité. »
Dodero
Stone
« La
subversion, dans l’art comme dans la vie, passe par le volupté. »
Robert
Benayoun
« S’accorder
mutuellement la liberté d’aimer, c’est aimer. »
David
Cooper
„ Wir
haben, wo wir lieben
ja
nur dies: einander lassen.“
Rainer
Maria Rilke
bestiaire
enfant sauvage
enfant pas sage
castor d’or de tes ongles
pouliche pubère de ton pouce
petite termite de friandises
joli chat de ta maison des champs
doux poussin de tes seins coussins
ouateux oiseau bleu de tes yeux
sylphide serpent de nos méfaits bien faits
mésange orange de nos songes et mensonges
craintif piaf de ton mal d’amour
lascif lapin de ton vagin félin
étroite levrette de notre amour en fête
palpitant papillon de ta liberté frétillante
belle libellule des ailes du vent
rouge lièvre de tes lièvres en fièvre
sanglier sans-gêne de nos culs en rut
licencieuse licorne de ton con de lys
merveilleuse mouche des murmures de nos bouches
langoureux rat d’angora dans mes bras
ver rongeur des aliénantes vertus
puce puissante des pulsions naturelles
authentique quadrupède de nos désirs légitimes
embryon pur terreur des cols durs
et d’une nature dénaturée
cygne unique de ma vie

sur les vagues de ton amour
je dépose mon bouquet de vers
dans le silence de tes caresses
je te crie je t’écris mon amour
dans l’air bleu des cieux limpides
flanqués de forêts en flammes
sur le lit d’ocre des champs d’orge
nous faisons l’amour

une nuit transparente comme notre amour
un ciel d’orage palpitant de papillons de feu
un sol ocre d’un champ d’orgasmes
nos mains en forme de vulve
nous déclarons
l’amour
plus
fort
que

ivre de vivre
quand le soleil de satin
irradie
les monts daya
quand l’ambre blanc de ta main
se cambre dans l’ombre de mes bras
quand nos cœurs chantent en chœur
le refrain de l’amour en folie
quand dans la glaise fertile fleurit
la rosée bleue d’une fraise primeure
j’ai envie de me promener dans la vie
j’ai envie d’être en vie

amour libéré
amour libéré
des chaînes morales
des chaînes mortelles
des tabous mystiques
des orgasmes
patriotiques
des sadismes historiques
des pâleurs métaphysiques
amour libéré
amour en liberté
amour de la liberté
liberté de l’amour
vrai triomphe
contre la mort
quotidienne
destructrice
subreptice
institutionnalisée
amour libéré
ère d’enfance
promesse de libération
de prise
de conscience
de danse
de transe
de danse en transe
sans transcendance
sans alliances
sans chaînes
sans haines
sans peines
sans peurs
sans heurts
amour libéré
tu libères l’homme
tu réinventes l’homme
à l’image de l’homme

te souviens-tu
te souviens-tu
de cette journée
de feu de braise
où sous un soleil
se pâmant d’aise
tu m’as dit
je t’aime
il faisait beau
il faisait blanc
il faisait amour
et nous aussi
te souviens-tu
de cette journée
se pâmant d’aise
où sous un soleil
de feu de braise
tu m’as dit
je t’aime
il faisait beau
il faisait blanc
il faisait amour
et nous aussi
dis
te souviens-tu
ce sera hier
c’était demain
c’est aujourd’hui

à corps
tes yeux dans mes siècles
s’embrassent de liberté
tes mains dans mon cœur
s’embrasent d’amour
ta bouche dans mes erreurs
bouche la plaine blanche de l’ennui
ton sein d’ambre dans ma mémoire
touche la pointe de mes souvenirs
la plaie sarclée de mes nuits d’insomnies
ta langue irisée couleur de fauve
dans le creux de mon âme ourdie
parle l’horaire de l’amour
parle l’horreur de la mort
parle l’huis clos de la nuit
parle l’envie de la vie
parle la vie en vie
par le chenal de ton désir

tu es dans la vie
comme le noyau
est dans le fruit
tu es dans la vie
comme le cœur
est dans le corps
tu es dans la vie
comme la balle
est dans le fusil

feux de joie
comme le soleil des temps
tu es le fil rouge de mes jours
le matin tu te lèves au sourire
au zénith de ta course folle
tu m’irradies de tes dards ouateux
au déclin du jour soleil de nuit
tu fonds mes désespoirs
dans les brasiers de ton étreinte
et la nuit je rêve
de lumières et d’ombres lointaines
pour me réveiller
sur ta bouche
inondée de feu

matinale
l’aube accouchant
d’un soleil rosacé d’aiguail
éblouit
ta brume blafarde
en deuil
devant une feuille morte
immobile
dans la morgue de la nuit
sur un
catafalque de verdure
et
ton corps
sort
de son rêve
de
velours

ici ailleurs
par-delà la colline d’indican de mes genoux
ta tête ensoleillée m’a frôlé de ses rayons d’amour
et
sur ton corps d’oranger
où fleurit un couple de sanguines
s’est portée ma main matinale
j’ai cueilli ton envie
et en compagnie de la vie
nous l’avons dévorée
à corps ouverts
sur la brousse embrasée de ton pubis
le vin lacté de nos sens unis
coulait de source dure
entre nos sexes sanguifiés
au loin
des hommes crient
dans
le carcan
de la
torture

en t’attendant
dans ma voiture
un miroir enceint d’arbres
me reflète ton sourire espiègle
sur mes volées de tabac
tu t’élances nue aux nues
pour t’amalgamer au soleil
mon cœur codé au volant
dépasse l’hélianthe du tachymètre
un nabot bleu amoureux
ferme les yeux au passage de nos baisers
et michel murty peint de ses chansons
le temps de notre envie
tout à coup
tu apparais dans une fenêtre
ta bouche me lance des regards
tes bras me crient viens
et je me rends compte
que je rêvais à quatre roues
que ta peau si nue
m’a inspiré cette poésie
une portière a claqué
et le rêve s’est incarné

les complexés
d’eunuque
dans leurs suaires
sans sueurs suaves
dans leurs lits vides
les livides aveugles
aveuglent les regards
à peine éclos
des amants de
quatorze ans
dans un monde
d’eunuques rancuniers
de moraux moroses
la semence de la
passion née
d’enfants
passionnés
périt
pétrie
piétinée
sous les bottes haineuses
des mal armés d’amour
des armées d’ethos
des désarmés d’éros

sens unique
les sentiments
d’amour et d’amitié
sont à sens unique
on ne peut reculer
sur cette voie
sinon
on risque de rencontrer
sur les chemins du futur
les bornes d’un passé révolu

multiple unicité
une infinité
d’amours
habite
en toi
chaque jour
différente
nouvelle
et excitante
je te trompe
avec une
autre toi-même

parce que nous
nous aimons
nous voulons
nous libérer des autres
L’acte
sexuel est l’acte gratuit par excellence, l’acte strictement individuel,
celui qui arrache l’être humain, par la poursuite de son bonheur personnel,
à la collectivité orientée et militante.
Dodero Stone
I
quand
j’entre en toi
c’est
pour sortir du monde
quand
tu te perds en moi
ce
n’est pas pour révolutionner l’argentine
quand
je fais le tour de toi
c’est
pour me débarrasser de moi
quand
tu me fais l’amour
c’est
pour nous libérer des autres
quand
je me répands en toi
c’est
pour irriguer le vaste océan
qui
entoure notre île égotiste
quand
tu dis nous
ce
nous n’est pas
multiplié
à l’infini
quand
je me déhanche en toi
tu
es fin et non moyen
quand
tu m’aimes
tu
m’aimes
rien
de plus
et
c’est UNE chose
quand
je crie
dany
je
ne crie pas chili
II
disons-le
tout net
les
bons sentiments
ne
font pas
les
grands révolutionnaires
la
verge dressée
du
couple conjugal
ne
fait pas le poing brandi
et
le lit
ne
fait pas le maquis
nous
en avons marre
d’idéaliser
l’horreur
d’aurore
de
la farder
d’amour
et d’extase
de
planter
des
fleurs sur le mal
sortons
de nous deux
pour
entrer dans le monde
arrachons
les parfums traîtres
qui
défigurent la réalité
au
centre du couple
il
n’y a que l’idylle
solitaire
c’est
à ses confins
qu’on
trouve
la
force
solidaire
c’est
dans l’éclatement
du
nous deux
qu’est
l’unité
qu’est
l’amitié
III
quand
nous renions l’enfant
nous
renions le partage social
quand
nous refusons le gros ventre
par
pur esthétisme
nous
refusons
les
enfants du tiers monde
quand
nous voyons
dans
l’enfant
une
barricade
nous
barricadons
les
amours des lendemains
à
coups de vide
quand
nous proclamons
l’enfant
intrus
notre
amour chavirera
au
premier socialisme
IV
il
ne suffit pas de voir
dans
l’enfant
une
métaphore
pour
des avenirs
qui
chantent
l’enfant
de demain
vit
de chair et d’os
et
non des lettres
de
l’alphabète
et
des tours de rhétorique
la
dialectique
du
couple
c’est
aussi
l’enfant
vivre
en commun
c’est
aussi vivre
hors
du couple
car
vivre
à
deux
c’est
vivre
seuls
« chaque
regard croisé
est
une planète
où
tu n’iras jamais
et
parfois
c’est
exactement cela
ton
désespoir »
Yves
Simon

pour beaucoup
l’amour
est tellement difficile
qu’ils se jettent
pour être trouvés

femme forte
sois
rebelle
et fais-toi
I
femme
de fer et de force
femme
à la rude écorce
je
t’aime
femme
d’effort et d’audace
femme
à la vie vorace
je
t’aime
femme
personnelle et dure
femme
de vive aventure
je
t’aime
femme
à cœur tout transparent
femme
à cerveau foudroyant
je
t’aime
femme
forte et libertaire
femme
folle égalitaire
je
t’aime
femme
active et vivante
femme
haute et militante
je
t’aime
femme
de corps de désir
femme
de braise et de rire
je
t’aime
femme
de la vie en mauve
femme
aux idées fauves
je
t’aime
femme
avide et tolérante
femme
acide et déroutante
je
t’aime
II
femme
qui n’es plus la blême
déesse
de mille poèmes
la
frêle esclave blason
passif
de mille chansons
la
plante fragile l’idiote
mégère
de mille riottes
je
t’aime
femme
qui es tout toi-même
un
nécessaire blasphème
femme
qui t’es libérée
femme
qui m’as libéré
femme
qui as éloigné
ce
qui nous a frustrés
je
t’aime

je t’aime
parce que
je t’aime parce que
tu n’es pas timide
je t’aime parce que
tu n’es pas pâte molle
qui prend forme entre mes mains
je t’aime parce que
tu respires la liberté
je t’aime parce que
tu ne fais pas d’enfant
pour sortir du monde
je t’aime parce que
tu ne fais du balai
la bannière de tes vertus
je t’aime parce que
sous le dôme de ton cœur
tu es tête aussi
je t’aime parce que
tu es femme sans majuscule
je t’aime parce que
tu es cerf-volant
volant sans vent
je t’aime parce que
tu es une vie
et non une ombre
je t’aime parce que

éros
érosion hérétique
des éthiques
étiques
***
pine ou con
ou
pinochet
où
est l’affront
***
le plaisir masqué
devient vite
plaisir casqué
***
le désir au frigidaire
stimule le brasier
des pestes gammées
***
j’ai envie
donc
je suis en vie
***
imposer une volonté
c’est en briser une autre
***
le frein sexuel
est le moteur
des perversions
***
enfiler
vaut mieux que
défiler
***
géométrie de la pudeur
carrés blancs
contre
triangles noirs
***
amour
petite mort
de vie infinie
***
proclamer une victoire
en amour
c’est déclarer
sa défaite
***
je suis toi
je te suis

l’amour dit
tu es moi
je suis toi
jamais
il ne dira
tu es à moi
je suis à toi

aimer
conquérir sans détruire
séduire sans pervertir
prendre et laisser

Amorismes
tomber amoureux
est la plus belle chute
que l’on puisse faire
***
l’overdose d’amour
est la seule
dont on ne risque
pas de mourir
***
l’amour
c’est fait
de bien de riens
et
de riens de bien
***
apprenons-nous
par cœur
afin de
ne jamais
nous oublier
***
quand aimer
perd son i
il est temps
de se quitter
***
s’il n’y a
pas d’amour
fais-le
*** si
la jalousie
est une force
l’amour
est une farce
***
l’amour
qui en exclut
un autre
n’est pas total
mais totalitaire
***
je ne puis vivre
pour toi
mais je puis vivre
avec toi
tout l’art d’aimer
tient dans une
préposition
***
je t’aime au cœur
mais pas au cou
au cœur tu m’échauffes
au cou tu m’étouffes
***
si on te dit
que tu est parfaite
alors change vite
avant qu’il
ne soit trop tard

Love
qui peut
rien
ne vaut
une
petite mort
pour
renaître
à
la vie
***
l’amour
pourrait
être
arrosoir
pourquoi
en faire
un
rasoir
***
dilemme
est-ce
que
je
t’aime trop bien
pour
t’aimer mal
ou
est-ce que
je
t’aime trop mal
pour
t’aimer bien
***
c’est
la perversion
de
l’être humain
de
nous faire rencontrer
plus
de tolérance
dans
la haine
qu’en
amour
***
femme
et flemme
ne
riment à rien
mais
se ressemblent
parfois
bien
***
ne
faut-il pas
parfois
se
contredire
pour
tout
dire
***
c’est
au fond des choses
qu’on
est profond
dit-on
mais
n’oublions pas
que
c’est à la surface
que
l’on respire
***
aimer
beaucoup
vaut
mieux qu’
aimer
trop
***
conjugaison:
n’oublie
pas
ton
passé
même
s’il est imparfait
vis
au présent
et
prépare-toi
au
futur
même
s’il n’est pas simple
***
depuis
toi
je
sais
à
quels seins
me
vouer
***
dieu
soit cloué



